Little bird, Craig Johnson



Si, si, j'ai fini par émerger de mes monceaux de copies. Et j'ai même eu le temps de lire un peu, c'est dire si je retrouve goût à la vie. Mais j'ai au moins 25 billets de retard ... Alors autant attaquer tout de suite avec ce vrai coup de coeur, conseillé par une copine - chez qui j'ai tout récemment découvert des goûts littéraires franchement convergents avec les miens !

"Des nuages couronnaient les montagnes dont les parois enneigées réfléchissaient le soleil d'un jaune acide dans un des couchers de soleil les plus magnifiques et pervers que j'ai jamais vus. Les cumulus étaient pommelés comme l'arrière-train d'un poulain appaloosa, et la beauté du paysage m'étreignit la gorge. Le vent agitait les branches nues des peupliers de Virginie et berçait les plus longues, l'herbe et la sauge frissonnaient au ras du sol."

Ah, le Wyoming (si vous aimez, vous êtes servis chez Gallmeister), ses grands espaces, ses couchers de soleil chatoyants, ses tempêtes de neige, ses Indiens. Dans le comté (fictif) d'Absaroka, le shérif en fin de course, Walt Longmire, domine son monde avec bienveillance et efficacité : ses adjoints Ferg et Vic, Lucian l'ancien shérif sur le retour, la délicieuse secrétaire Ruby, ou le boulet Turk. Mais Walt, un peu fatigué, navigue entre la dépression et les attentions de son loyal ami indien, Henry. La vie de la petite ville est bousculée par le meurtre de Cody Pritchard, l'un des quatre coupables adolescents du viol en réunion de Melissa Little Bird, une jeune Indienne de la réserve. Et il semblerait bien que l'assassin ne soit pas prêt de s'arrêter avant d'avoir pleinement exercé sa vengeance. Une affaire qui s'annonce d'autant plus ardue qu'elle ravive les tensions entre communautés et que l'hiver menaçant approche à grands pas.

Little Bird séduit indéniablement. Il y a d'abord le Wyoming et l'espace, presque un personnage à lui tout seul, omniprésent et envahissant, dictant ses contraintes, son isolement et sa distance, forgeant des caractères d'acier trempé. Il y a ensuite les gens : Craig Johnson travaille en humaniste, dessinant ses personnages tout en tendresse : les réparties cinglantes d'Henry, l'humour désabusé de Walt, ou la gouaille rageuse de Victoria finissent par attacher irrémédiablement le lecteur. Il y a pour finir cet incroyable talent de raconteur d'histoires, cette fluidité dans la narration et cette sensualité dans l'écriture, qui font du coup d'essai de Johnson un coup de maître.

Bref, c'est grandiose, et j'ai déjà commencé la suite, Le Camp des morts. En fait, je l'avais commencé en premier et ... enfin, ne faites pas comme moi : lisez dans l'ordre (c'est pourtant pas compliqué).

Les monts Bighorn dans le Wyoming

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