La tristesse du samouraï, Victor del Arbol

ENFIN ! J'ai enfin lu La tristesse du samouraï ! Affolée par des critiques emballantes j'avais jeté mon dévolu sur lui dès sa parution l'année passée, d'autant que le bouquin état pensionnaire de la bibliothèque qui est facilement à 2 minutes de chez moi. Sauf que voilà, je n'étais pas la seule à être prête à me damner pour le lire, aussi, malgré une veille acharnée, il m'a été impossible de faire main basse sur l'ouvrage en question. Ne relâchant pas mes efforts, je l'offre à ma maman, qui finit par me le refiler ... au moment où il sort en poche (bon, voilà). Qui plus est, j'avais bien besoin de me changer les idées après la déception Läckberg.

Et c'est réussi, avec ce chouette polar espagnol qui a pour cadre Barcelone sur une période qui va de la Guerre civile aux années 1980. Ce qu'il y a de bien avec la Guerre civile, c'est qu'elle constitue un vivier apparemment inépuisable de la littérature espagnole contemporaine, avec son lot de violences (psychologique et odieuse, dans L'invitation), de secrets de famille et de trahisons (comme dans THE fresque, Le coeur glacé ou Calligraphie des Rêves), d'exils (le bouleversant Rêves oubliés).

La famille Mola a tout en apparence pour être heureuse dans l'Espagne de l'après-guerre civile : une mère de famille superbe et aimante, un père cacique du Parti à l'ascension fulgurante, deux jeunes fils. En apparence oui, mais le père est un odieux sadique, la mère infidèle complote dans son dos, et le plus jeune fils entretient une passion malsaine pour la culture samouraï. Quarante ans plus tard, Maria est une jeune avocate dont la carrière vient d'être propulsée par un procès retentissant, dans lequel elle est parvenue à faire condamner un inspecteur de police pour des exactions commises sur un citoyen lambda. Sauf que le citoyen est un indic de la police, et que la fille de l'inspecteur a été enlevée. Maria est convoquée par les services secrets, qui lui donnent une photo d'Isabel Mola, en affirmant qu'il existe un lien entre les deux femmes ...

Dans ce polar historique qui montre encore une fois que la vengeance est un plat qui se déguste glacé, Del Arbol tisse avec brio les fils complexes du passé et du présent, entremêlés entre deux familles sur quatre générations. Tout ou presque est ici réussi : on trouve tant des qualités d'écriture, que des personnages consistants ou une intrigue hallucinante de suspense. Au travers de ces deux femmes violentées, bafouées et manipulées, c'est un tableau brutal et sans concession de l'Espagne que dresse Del Arbol, au rythme d'incessantes allées et venues dans les couloirs de la violente histoire espagnole, où l'on comprend que la Guerre d'Espagne est un passé qui ne passe décidément pas et hante encore la société contemporaine, dans ses peurs et dans ses fantasmes.

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