L'âge bête, Boileau-Narcejac

"Son assurance commençait à balayer les scrupules et les doutes de Lucien. Pourquoi pas, après tout ! Ce serait une assez jolie vengeance. Depuis la scène dans le bureau du proviseur, il enrageait à la pensée de sa défaite."

Lucien et Hervé, deux sympathiques lycéens, mènent le chahut dans le cours de mathématique, assuré par la jeune et jolie Eliane. Un jour, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase : Eliane quitte la classe. Les deux jeunes garçons sont convoqués chez le proviseur, et punis par leur famille respective. C'est alors que germe dans leur esprit adolescent l'image d'une vengeance possible : ils envisagent d'enlever leur professeure et de la retenir quelques jours pour lui faire peur.

"Elle n'opposerait sans doute aucune résistance. Elle était bien trop menue. Mais Lucien éprouvait comme un malaise à la pensée qu'il devrait la toucher. Elle était "le prof", c'est-à-dire quelqu'un sur qui il est interdit de porter la main. Pourquoi ? Lucien n'en savait rien, mais il sentait confusément que ce serait cela le plus dur. Peut-être le plus impardonnable. Comme si, entre l'enfantillage et la délinquance, il n'y avait eu à renverser qu'une mince et pourtant formidable barrière. Rien ne serait plus après comme avant."

Difficile d'en dévoiler beaucoup plus, car, évidemment, comme dans tout bon Boileau-Narcejac, rien ne tourne comme prévu. Et évidemment, comme dans tout bon Boileau-Narcejac, il s'agit de ne pas se faire pincer ... et comme dans tout bon Boileau-Narcejac, il y a une bonne chute (et donc il ne faut pas lire la 4e de couverture qui en dit déjà trois).

Un Boileau-Narcejac mineur, d'accord, un peu de la veine des Veufs, mais une lecture pas désagréable, avec comme toujours des portraits psychologiques hyper-réussis.

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