Le lynx, Silvia Avallone

"Ce ton insolent, comme si tout lui était dû. Comme s'il n'avait pas compris à qui il avait affaire. "

Une heure et demie du matin, sur une anonyme autoroute italienne. Piero avale les kilomètres dans une voiture rouge volée. Comme ça, un peu par bravade un peu par nécessité, il se décide à braquer une station -service, se croyant seul avec la caissière. C'est alors qu'il rencontre un adolescent à la beauté déroutante, dans les toilettes du restoroute, qui exerce d'emblée sur lui une étrange séduction.

"Il se voulait comme toujours expéditif, galant et brusque, comme un vrai mec. Et au lieu de ça sortait de lui, étouffé, un soupir de tendresse qu'il n'arrivait pas à renvoyer au fond de sa gorge." 

Dans un format bien différent de D'Acier, Silvia Avallone confirme son talent prometteur. Avec une impressionnante économie de moyens, et sans effet de manche, elle brosse en deux temps trois mouvements un tableau d'une vie et d'une précision époustouflante. Court roman ou plutôt longue nouvelle, Le lynx est tout en non-dits, gestes et regards, déroulant l'histoire de ces deux hommes au rythme de leurs incertitudes et de leurs doutes, laissant le tout en suspens. Chouette petit opus pour aborder l’œuvre d'Avallone, décidément une romancière intéressante de cette nouvelle littérature italienne.

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