La princesse Printemps, César Aira

Envie d'une bonne bouffée délirante malgré (ou à cause) du temps maussade ? Si vous n'avez peur de rien (et pas de rire), La Princesse Printemps saura à coup sûr vous charmer avec son innocence délicieuse.

Acheté il y a des mois sur un coup de tête dans une librairie, ce court roman a été exhumé, grâce à son format, pour une lecture à vois haute dans le cadre d'un long trajet en voiture (à l'instar d'un Marai ou du premier Otsuka).

"Sur une île paradisiaque face aux côtes du Panama, dans un beau Palais de marbre blanc, vivait la Princesse Printemps."

Ça commence comme un conte de fées. La rêveuse Princesse Printemps vit avec ses sujets pêcheurs sur son île centre-américaine plutôt perdue. Jeune, belle, quoique pas très courageuse comme les évènements le révèleront - elle vit dans un palais de Belle au Bois dormant. Elle est bien sûr dotée d'une gouvernante repoussante - Wanda Toscanini, veuve d'un célèbre pianiste - qui fait tourner la baraque, car, côté sens pratique, la Princesse Printemps, c'est pas vraiment ça. Elle mène a vie tranquille d'une traductrice de sous-littérature (de belles pages d'ailleurs de défense de ce genre) pirate dont vivent les éditeurs panaméens.

"Dans cette île aussi ? Décidément, ça fait beaucoup de ... d'êtres ... dans ce minuscule recoin de l'univers. Une vraie boîte à surprises. Quand je pense qu'en me réveillant sur la plage, je croyais être sur une île déserte".

Mais ce bel équilibre est bouleversé par l'attaque odieuse du Général Hiver, son ennemi de toujours, qui aborde l'île avec des moyens plus importants que ceux de l'armée américaine en Irak, à des fins d'intimidation, et d'anéantissement. Lui-même est épaulé par l'affreux Arbre de Noël,un infâme second couteau qui haït la Princesse plus que tout. C'est sans compter l'aide de Picnic, un jeune premier procrastinate échoué par un hasard heureux au moment propice sur l'île de la Princesse Printemps. Seront-ils toutefois assez pour lutter contre le pouvoir de séduction ordurier des Glaces Parlantes ? Pourront-ils s'appuyer sur les talents d'un Horowitz mystérieusement ressuscité ? Quel rôle joueront le naturaliste français égaré ou les hippies perdus du centre de l'île dans cet affrontemet ontologique ?

Vous le découvrirez en vous plongeant sans a priori dans le féérique - satirique - cynique et surréaliste roman d'Aira.Une friandise hivernale d'une rare qualité, une lecture follement jubilatoire, mortellement drôle et hautement recommandable, dans la foulée de laquelle j'ai aussitôt acquis un autre roman d'Aira, au titre évocateur, La guerre des gymnases, une sorte de guerre des gangs dans le monde du sport en salle portègne.

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