Le rêve de Martin, Françoise Henry


J'avais déjà été agréablement surprise par Juste avant l'hiver. Rebelote donc avec Le rêve de Martin.

"J'ai décidé de t'écrire cette lettre, Martin. Je sais que tu en entendras les mots un jour ou l'autre. Peut-être nous rencontrerons-nous enfin quand tu mourras, puisque cette lettre est posthume, puisque je suis morte. Tu es mon fils, Martin".


Ça commence mal. On se dit : pas guilleret. Et on a raison, car Le rêve de Martin, c'est l'histoire d'un secret de famille, celui d'une mère contrainte à d'abandonner son enfant au début des années 1940, un enfant devenu vieux, à qui elle adresse cette confession tardive à titre de pardon, comme dans une longue phrase ininterrompue où elle trouverait la réponse de cette incompréhension rétrospective.

"Ces horribles mots que j'écris là, Martin, sur ma lettre de poussière".

C'est là tout le talent de Françoise Henry, qui, partant d'un sujet plutôt tarte à la crème, parvient à construire un récit digne, d'une justesse époustouflante, où le texte simple sonne vrai, sans fioritures et presque sans un mot en trop. On évite utilement les larmoiements habituels de ce genre de littérature ; en bref, c'est un peu à l'eau de rose, mais c'est bien écrit. C'est plus réussi dans la première partie, je trouve, avec des passages desquels se dégagent une incroyable justesse, voire même une certaine grâce (la mémoire, le mensonge, l'amour maternel, la tension et les non-dits), ce qui parvient à faire oublier le caractère interminable de la fin.

Cela dit, l'histoire reste assez sinistre. A éviter, donc, en période de déprime.

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