Le coeur régulier, Olivier Adam


Je partais avec un a priori peu favorable (ah, les préjugés) sur ce roman que je rechignais à entamer, d'où son inscription sur la liste du challenge ABC, histoire de se motiver.

Déjà je commence par me faire avoir par le cadre. Des falaises battues par les vents dans un roman d'Olivier Adam ? Nous voilà en Bretagne. C'est loupé puisque nous sommes dans une station balnéaire de la côte japonaise, haut lieu de suicides de l'archipel, où un taciturne policier à la retraite essaye de dissuader les candidats à l'autodestruction.

"J'avais pris le premier avion pour Tokyo, le coeur en cavale, dans un état de confusion totale, fuyant une menace indéfinissable dont je sentais qu'elle n'allait pas tarder à m'engloutir".

Sarah est à la croisée des chemins ; elle a quitté mari et enfants pour marcher sur les traces de son frère disparu, son quasi-jumeau, un écorché vif, Nathan. Cette quête la conduit jusqu'au Japon, où elle fait une pause existentielle dans sa vie. En fait de voyage sur les traces de son frère, c'est plutôt un parcours en elle-même qu'elle va accomplir, nourrissant toute une réflexion sur les mensonges aux autres et à soi-même.

L'écriture est plutôt une bonne surprise (malgré l'abus à mon avis des phrases sans virgules), dans sa sensibilité douloureuse et à fleur de peau ; la trame narrative, qui procède à rebours et distille au compte-gouttes les informations, est plutôt bien fichue.

Chacun est là avec ses blessures secrètes, et le roman est empreint d'empathie pour ses destins si dissemblables et si proches à la fois. La lecture et les thématiques sont un peu glauques (à éviter donc si vous êtes de ceux que le changement d'heure déprime) mais un roman qui a un certain talent dans la traque des moindres mouvements de l'âme et du coeur.

Comme quoi il ne faut pas toujours se fier à sa première impression.

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