HHhH, Laurent Binet


Double intérêt de ce passionnant roman.

D’abord, l’évènement en soi, avec le récit, entrecoupé, presque « feuilleté » de l’opération Anthropoïde. Deux hommes sont parachutés depuis Londres dans le protectorat de Bohême – Moravie. Leur objectif : assassiner Reinhard Heydrich, « la bête blonde », « le boucher de Prague », le terrifiant planificateur de la « solution finale ». Toutes les composantes sont là pour faire un bon roman : l’amitié, la haine, la peur, la trahison. On suit ce fil en haletant, même si l’issue fatale est connue d’avance.

On croise différents épisodes de la guerre : le massacre de Babi-Yar, la destruction du village de Lidice, le match de foot FC Start – Luftwaffe, la conférence de Wansee, le déboulonnement de la statue de Mendelssohn du toit de l’opéra de Prague.

Ensuite, le romanesque et le vraisemblable. L’auteur, au fil de chapitres très courts, entremêle le roman historique et ses propres réflexions. Qu’est-ce qui est crédible ? Qu’a-t-on le droit d’inventer ? Jusqu’où peut-on connaître l’intimité de « ses » personnages ?

« J’ai eu vent d’une histoire extraordinaire qui s’est déroulée à Kiev pendant la guerre. Elle a lieu à l’été 42, et ne concerne aucun des acteurs d’ « Anthropoïde » ; elle n’a donc pas sa place, a priori, dans mon roman. Mais c’est un des grands avantages du genre que la liberté presque illimitée qu’il confère au raconteur ».

Aspect qui fait l’originalité fondamentale de la démarche de Binet, lequel ne se contente pas de raconter, mais s’interroge constamment sur ce que c’est que raconter l’Histoire. « Il faut bien reconnaître que, d’un point de vue littéraire, Heydrich est un beau personnage ».

L’auteur, qui a fait son service militaire en Tchécoslovaquie, aime manifestement Prague, qui est, en soi, presque un personnage de ce récit … et ça donnerait presque envie d’y retourner.

Commentaires

  1. Vincent a adoré! Je ne l'ai pas lu mais on va aller voir L.Binet présenter son bouquin aux cafés littéraires de Montélimar début octobre.

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  2. Tu me feras un petit compte-rendu ?

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