Lila, Lila, Martin Suter


J'ai découvert Suisse Martin Suter avec Small world, un joli roman dont l'intrigue était construite autour d'un homme atteint de la maladie d'Alzheimer, qui se faisait voler son passé par sa patronne et "protectrice", qui y voyait un bon moyen de protéger les secrets de famille. Le thème, autant que la construction (ou plutôt la déconstruction du roman) m'avaient interpellé.

J'avais donc prolongé l'expérience cet été avec l'inquiétant Diable de Milan dans un cadre assez différent, celui d'un hôtel de luxe au coeur des Alpes où de biens étranges évènements agitaient le personnel et la mystérieuse jeune directrice de l'hôtel, bien dissimulatrice.

Ici encore, il est question d'un secret, mais Suter s'amuse cette fois-ci dans le milieu littéraire. David, jeune homme somme toute assez banal, est serveur dans un bar branché. Il y côtoie de loin une sympathique bande d'amis, dont il ne parvient pas tout à fait à intégrer le cercle. Il vit sa vie sociale comme par procuration, jusqu'au jour où Marie rejoint inopinément le groupe. David tombe immédiatement sous son charme, et il est prêt à tout pour la séduire.

Marie est une passionnée de littérature, dont elle envisage de faire son métier. Or David a, peu de temps auparavant, acheté un meuble d'occasion, dans lequel il a découvert un manuscrit, non publié, dormant au fond d'un devoir. C'est l'histoire bouleversante d'un amour impossible et malheureux dans la Suisse bourgeoise et guindée des années 1950. David se fait passer auprès de Marie pour l'auteur du roman. Mais le voilà bien trop avancé dans son mensonge pour faire marche arrière, surtout à partir de la publication du livre, qui rencontre un succès critique et public phénoménal. Et l'usurpation de David commence à devenir vraiment gênante alors que resurgit le véritable auteur de l'oeuvre ...

La trame n'est pas mal trouvée, et elle fonctionne, c'est certain. Il y a toujours un travail très intéressant sur la construction et le rythme, ainsi que sur le personnage principal, avec ce détachement si particulier. Lecture tout à fait fluide et agréable (la preuve j'en ai lu les deux tiers cette nuit).

Pour autant, j'ai préféré mes deux premières lectures "sutériennes". J'ai trouvé que Lila, Lila manquait un tantinet de rythme, et se cherchait entre le thriller et l'introspection, l'histoire ayant un peu de mal à démarrer malgré son potentiel. Finalement, c'est la deuxième partie du roman - entre paranoïa, dépression et manipulation, qui est, de loin, la plus passionnante.

Commentaires

  1. C'est une vraie comédie romantique. Et ce n'est sûrement pas avec ce récit que les règles du roman sont revisitées ou chamboulées. Personne n'est surpris à la lecture de Lila, Lila. ; péripéties, rebondissements et dénouement sont cousus de fil blanc. Mais reconnaissons tout de même quelques qualités à l'écrivain : cette trame attendue est bien menée, avec, tour à tour, humour, ironie et cynisme. La parodie du milieu littéraire branché, à la mode, est bien croquée.
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